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vendredi 4 septembre 2015

Le temps des cerises (extrait)

Il n’était pas encore dix heures du matin, que le soleil de ce début juillet se faisait déjà bien pesant. La nuit passée avait été claire et étoilée et n’avait pas réussi à faire descendre la température en dessous des 24°C. Le bitume de la départementale, surchargé de soleil, faisait remonter de longues vagues chaudes, presque brûlante, ajoutant encore plus de difficultés aux efforts de Rémi sur son vélo.

            Désireux de pouvoir pédaler à la fraîche, il avait quitté le camping de Cahors sur les coups de huit heures, ce matin. Tant qu’il avait roulé les routes bordées d’arbres, en longeant tantôt le Lot et tantôt le Célé, il avait eu cette fraîcheur bienfaisante, mais, à présent qu’il était sur le Causse, il se trouvait entièrement exposé au soleil, enveloppé par une chape de plus en plus lourde. De plus, comme si les difficultés n’étaient pas suffisantes, la route présentait un long faux plat montant, l’obligeant à se mettre régulièrement en danseuse pour relancer son vélo, derrière lequel était attelé une remorque mono-roue, contenant tout son nécessaire de camping, ainsi que ses vêtements de rechange. Pourtant, à le regarder de plus près, il ne donnait pas l’impression de réellement souffrir de la fatigue due à la chaleur : ses jambes, dont les muscles se tendaient et détendaient à chaque coup de pédales, tournaient vigoureusement dans un mouvement fluide et léger.

            Une quinzaine de kilomètres auparavant, il avait eu le choix entre deux directions pour gagner Rocamadour. S’il avait tourné sur la gauche, empruntant la route touristique, il aurait pu continuer à l’abri des arbres et arriver au pied du site par la vallée de l’Alzou. Mais, en plus de lui rajouter plusieurs kilomètres, le relief s’élevait énormément avant de redescendre dans la vallée et il avait donc opté pour la seconde solution, tout droit, en passant par Gramat.

            La bouche entr’ouverte, des gouttes de sueur perlant à son front, il regrettait à présent un peu son choix. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas roulé sur les routes de son enfance et il en avait oublié que les cinq derniers kilomètres étaient aussi casse-pattes. Son casque, bien que parfaitement aéré, lui semblait peser de plus en plus et, à plusieurs reprises, il avait été tenté de le retirer. Son maillot était entièrement ouvert sur son torse rasé et ses jambes, halées par le soleil, parfaitement épilées, luisaient de transpiration.

            Cela faisait tout juste une semaine qu’il avait pris la route. Il avait quitté Paris par le premier RER de la ligne A, à l’aube. Il en était descendu au terminus, en garde de Chessy / Marne-la-Vallée, puis avait suivi l’itinéraire qu’il avait longuement préparé, plusieurs semaines auparavant, un itinéraire en cinq étapes jusqu’à Rocamadour. Il avait d’abord roulé jusqu’à Orléans, 140 km de pédalage, y avait fait halte pour une nuit, puis s’était rendu à Châteauroux, encore 140 km, avant, dès le lendemain, avaler une étape de plus de 200 km qui le mena à Brive-la-Gaillarde. Après une nuit de repos, il était remonté sur son vélo pour franchir les 100 km qui le séparaient encore de Cahors et, enfin sur ses terres, il y passa deux nuits dans un confortable camping en bordure du Lot, avant de se lancer sur la route qu’il suivait aujourd’hui.

            « Dernière ligne droite », se dit-il en apercevant le panneau indiquant qu’il ne lui restait plus que 3 kilomètres à parcourir. Il attrapa l’un des deux bidons accrochés au cadre du vélo et se versa une longue rasade d’eau sur la nuque ; elle était devenu chaude, mais cela lui fit néanmoins un peu bien.

            Poussant péniblement son vélo chargé de quatre sacoches et d’une toile de tente, Cerise ne cessait de pester contre elle-même : sa roue arrière avait percé à quatre kilomètres de sa destination du jour, Rocamadour. L’incident ne l’avait guère inquiété dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’elle avait oublié le nécessaire de réparation dans son appartement parisien, une omission qui l’obligeait à découvrir les joies de pousser un vélo bien chargé, sur une route qui ne semblait ne jamais vouloir finir et par une chaleur caniculaire. Toutefois, ce fâcheux contretemps ne la faisait pas regretter la décision qu’elle avait prise quelques mois auparavant, une idée qui avait lentement germée dans son esprit, avant de devenir une envie, puis un besoin irrépressible.

            C’était un soir qui s’était achevé par une nouvelle dispute avec Christophe, l’homme qui partageait sa vie depuis plus d’un an, une engueulade de plus, l’incompréhension de trop. Elle se sentait étouffée par lui, par sa jalousie, et aussi frustrée : elle était une femme aimant le sexe, aimant inventer des jeux pour rendre les rapports encore plus intensifs, mais Christophe, à tout juste 30 ans, avait déjà pris une vie de pantouflard et n’était pas très porté sur la chose, en tout cas pas autant qu’elle le souhaitait. Elle avait pourtant tout tenté, du moins le pensait-elle, pour le sortir d’un certain côté conventionnel, mais elle n’avait réussi qu’à l’amener à une jalousie maladive de plus en plus dévastatrice pour leur couple, à tel point, qu’elle en était venue au besoin de vouloir faire une pause, quel qu’en puisse être l’issue finale. Architecte d’intérieur à son propre compte, elle s’était autorisée à prendre deux mois de congés pour les vacances d’été, des vacances qu’elle allait passer seule, loin de tous ses soucis.

C’est en parcourant le Net, à la recherche d’un lieu de villégiature aux Etats Unis d’Amérique, qu’elle était tombée sur un forum parlant du cyclotourisme. Très vite, elle avait été emballée par les nombreux témoignages, tant et si bien qu’elle avait décidé de tenter l’expérience sur les routes de France. Bien sûr, Christophe n’avait pas du tout apprécié cette idée, mais Cerise était de ces femmes qui, une fois une décision prise, ne reviennent jamais dessus.

Curieuse coïncidence ou pur fruit du hasard, Cerise avait pris la route depuis le même endroit que Rémi, à deux ou trois kilomètres près, mais quelques jours avant lui, suivant ensuite le même itinéraire jusqu’à Châteauroux. De là, elle était partie sur Limoges, environ 130 km de pédalage, où elle avait passé une nuit, avant de se rendre à Brive-la-Gaillarde où elle resta deux jours et trois nuits afin de bien récupérer de ses efforts. Fraîche et bien reposée, elle avait quitté le camping peu après le lever du soleil pour franchir les 50 petits km menant à Rocamadour, comptant y arriver en milieu de matinée, chose qui aurait pu se faire sans cette maudite crevaison.

Non, elle ne regrettait rien, même si Christophe l’avait menacé de rompre avec elle, même si, à cet instant précis, elle était à bout de force et ressentait le besoin de faire une pause à 2 kilomètres de son point de chute.

Elle jeta un regard vers le ciel d’un bleu limpide, et poussa un profond soupir de résignation. Elle abaissa les deux béquilles de son vélo, prit son bidon d’eau et alla s’assoir sur le talus en bordure de route. Elle retira le foulard mauve qu’elle portait autour de la  tête et ses cheveux coulèrent aussitôt jusqu’en dessous de ses épaules, une belle chevelure tirant sur le blond et parsemée de reflets roux. Reprenant doucement son souffle, elle porta un bidon d’eau à ses lèvres et ce fut à ce moment qu’elle aperçut le cyclotouriste qui arrivait vers elle ; une lueur d’espoir la traversa et elle se releva rapidement en faisant de grands gestes.

-          Bonjour ! s’écria-t-elle lorsqu’il fut pratiquement à sa hauteur.
-          Bonjour, répondit le cycliste en mettant pied à terre. Vous avez des ennuis ?
-          Juste un petit souci, répondit Cerise en pointant son pneu du doigt.
-          Je vois. Vous ne savez pas comment réparer ?
-          Si, bien sûr, mais… comment vous dire… Je n’ai pas ce qu’il faut ! Les chambres de rechange ont dû rester sur ma table basse, à Paris.
-          Effectivement, c’est un peu loin d’ici pour que ces chambres vous soient d’une quelconque utilité ! fit l’inconnu en souriant.
-          Pensez-vous que vous pouvez m’aider ?
-          Oui, bien sûr : les miennes sont avec moi ! répondit-il en retirant son casque qu’il posa sur son guidon.
-          Vous êtes mon sauveur ! fit Cerise en le gratifiant d’un grand sourire, tout en retirant ses lunettes de soleil, découvrant deux yeux d’un vert si éclatant, que l’inconnu en fut aussitôt captivé.
-          Ce sont vos premières vacances à vélo ?
-          C’est à cause des chambres à air que vous me demandez ça ?
-          Non. Croyez-moi, ce genre d’oubli arrive même au plus chevronné !

A vingt-six ans tout juste, Cerise possédait un corps magnifique, parfaitement proportionné et superbement moulé dans la tenue cycliste. Ses jambes bronzées étaient longues et fines, avec une musculature qui laissait deviner qu’elle ne pratiquait pas le cyclotourisme depuis très longtemps, ou bien qu’elle ne faisait jamais de vélo en dehors des vacances.

-          La réponse est oui : c’est la première fois que je pars ainsi en vacances.
-          Je souhaite que cette crevaison ne vous fasse pas regretter votre choix.
-          Non, loin de là !
-          Il va falloir que l’on déleste votre vélo de son chargement.

Cerise remit ses lunettes sur le nez et détailla un peu plus l’homme qui s’attelait à détacher les sacoches de son vélo. Il devait avoir la quarantaine passée, des cheveux châtains, légèrement dégarni sur le haut du crâne, et son corps, bien que fin, était musclé, surtout des cuisses. Ces dernières étaient si gonflées, qu’elles semblaient sur le point de faire exploser son cuissard. Sans aucun doute, lui n’en était pas à sa première randonnée à vélo.

Se sentant observé, l’inconnu se retourna et leva ses lunettes sur le dessus du front. Il avait yeux couleur noisette et son regard était profond, troublant.

-          Je m’appelle Rémi Castellan.
-          Cerise Rignac.
-          Cerise ?
-          Oui, je sais… Comme la pub à la télé !
-          Ce n’est pas ce à quoi je pensais. C’est un prénom original.
-          En effet, très original !
-          Mais qui vous va bien. Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Rignac.

La jeune femme serra la main qui lui était tendue et ressentit quelque chose d’étrange à son contact, un sentiment diffus qui disparut avant qu’elle puisse en saisir le sens.

-          On s’attaque à votre pneu ?
-          Oui, bien sûr, répondit-elle sur le ton d’une personne sortant d’une rêverie. Je vais vous aider à enlever les dernières sacoches.

Durant tout le temps que dura la réparation, Cerise et Rémi firent plus ample connaissance. Sans entrer dans les détails de sa vie privée, la jeune femme lui expliqua comment elle avait eu l’idée de faire du cyclotourisme, comment elle avait investi dans un vélo et du matériel de camping, avant de quitter la capitale, avec très peu de kilomètres dans les jambes, pour un périple qui devait la conduire jusqu’à Carcassonne.

-          Un sacré voyage, pour une première. Qui plus est, seule !
-          Sans doute, mais je suis une impulsive ! Et vous, vous êtes un habitué des randonnées au long cours ?

Rémi lui confirma qu’il n’en était effectivement pas à son premier voyage à vélo. Du reste, le vélo était quasiment son unique moyen de transport, 365 jours par an, une véritable passion pour la petite reine qu’il avait depuis sa jeunesse. Durant quelques années, il avait même couru dans une équipe de semi-pros et avait arrêté la compétition alors qu’il avait réussi à décrocher un contrat dans une grande équipe professionnelle.

-          J’étais jeune et, même si j’aimais beaucoup le vélo et la compétition, je n’étais pas disposé à tous les sacrifices qu’impose un tel niveau.
-          Et que faites-vous dans la vie ?
-          Je suis journaliste, pour un quotidien national.
-          Laissez-moi deviner : vous vous occupez de la rubrique sportive !
-          C’est exactement ça !
-          Je suis trop forte ! Vous avez un accent de la région ? Vous êtes d’ici ?
-          J’habite la région parisienne, par facilité professionnelle, mais je suis né et j’ai grandi ici, dans le Lot, à Figeac. C’est à une cinquantaine de kilomètres d’ici.
-          Une bien belle région, que je découvre pour la toute première fois. Vous avez donc démarré avec votre vélo ?
-          Presque. En fait, je suis parti depuis la Seine-et-Marne.
-          Vraiment ? Moi aussi !

En comparant leurs différentes étapes depuis leur point de départ respectif, ils se rendirent compte qu’ils s’étaient arrêtés à de mêmes endroits, parfois à quelques heures d’intervalles, sans jamais se croiser, l’un arrivant, tandis que l’autre partait. Cerise trouva quelque peu troublante cette succession de chassés croisés, comme si une force invisible, le destin, s’était amusée à les faire se croiser sans jamais les faire se rencontrer, jusqu’à ce jour où, forçant une crevaison, ce même destin avait décidé que le moment était venu de les faire se rejoindre.

-          Voilà ! Votre vélo est à nouveau opérationnel ! s’exclama Rémi en s’assurant qu’il avait bien refixé la toile de tente de Cerise sur le porte-bagages de son vélo.
-          Je ne sais comment vous remercier.
-          Vous n’avez pas à me remercier, répondit-il en souriant franchement. Entre cyclistes, l’entraide est naturellement de mise !

Cerise se mordit la lèvre inférieure, un tic qui la prenait lorsqu’elle se sentait nerveuse ou bien lorsqu’elle était à la recherche d’une idée, comme c’était le cas à ce moment. Rémi l’intriguait, suffisamment en tout cas pour lui avoir donné l’envie de le connaître un peu plus, mais comment prolonger cette rencontre sans paraître faire du rentre dedans ?

-          Tu as réservé un emplacement dans un camping précis ? finit-elle par demander en faisant tomber la barrière du vouvoiement.
-          Oui, au camping le Paradis.
-          Quelle coïncidence ! Je me rends dans le même ! mentit-elle. Si cela te dit, nous pourrions peut-être partager le même emplacement… et tu pourrais me servir de guide touristique. Tu dois bien connaître Rocamadour et ses environs.

Rémi esquissa un petit sourire. Il trouvait la jeune femme de plus en plus craquante avec cette façon qu’elle avait de se mordre la lèvre. Cela lui rappelait un roman érotique qu’il avait lu il y a quelque temps. Bien ce dernier connaissait un franc succès auprès de la gente féminine, il n’avait guère accroché à l’histoire, trouvant le style d’écriture plutôt fade, mais le tic de l’héroïne l’avait marqué et il ne pouvait que constater à quel point cela était charmant.

-          En effet, je connais plutôt bien les lieux, répondit-il d’une voix chaude. Je suis né ici, tu te souviens ?
-          Oui, bien sûr… Cela veut donc dire que tu es d’accord ?
-          Combien de temps restes-tu ici ?

Elle eut envie de répondre « aussi longtemps qu’il le faudra », mais se ravisa très vite. Draguer un homme était loin de lui faire peur, mais, pour le coup, elle craignit que Rémi n’apprécie pas les femmes trop entreprenantes.

-          Je n’ai rien décidé. Je suis en vacances. Je vis au jour le jour, au grès des rencontres.
-          Alors, mademoiselle, c’est avec grand plaisir que je vous servirai de guide aussi longtemps que vous le souhaiterez.
-          Attention à ce que vous dites, cher monsieur : je pourrais vous prendre au mot !

Idéalement placé aux portes de Rocamadour et proposant des prix très abordables, le camping Le Paradis était déjà fortement occupé, mais, malgré ce taux d’occupation, il offrait une impression agréable, où les touristes n’étaient pas les uns sur les autres. Cerise laissa Rémi se rendre à l’accueil en espérant que le gérant ne voie pas d’inconvénient à accueillir une personne supplémentaire. Elle poussa un discret soupir de soulagement lorsque Rémi, tout sourire, lui annonça :

-          On peut se rendre à notre emplacement !
-          Formidable ! Bien sûr, on partage les frais. Tu me diras combien je te dois.
-          Nous verrons les détails plus tard !

Le montage des tentes fut aisé et très rapide, ces dernières, d’une place chacune, se déployant toute seule, d’un simple geste du poignet. Cerise remarqua que celle de Rémi disposait d’un petit plus par rapport à la sienne, un compartiment, situé sur l’un des côtés latéral, destiné à accueillir des sacoches, vêtements et provisions sans encombrer la partie couchage.

-          Plutôt sympa ce système !
-          Pratique, en effet. Je n’ai pas grand-chose à y ranger : je laisse la plupart de mes affaires enfermées dans la remorque. Aussi, si cela peut te libérer un peu de place, tu peux y ranger tes sacoches.
-          Je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse.
-          Abuse donc : ce sera un plaisir pour moi !
-          Oh, oh, fit Cerise se demandant s’il y avait un sens caché dans cette dernière réplique, je te mets en garde pour la seconde fois : je vais vraiment finir par te prendre au mot !
-           
A genoux pour planter le dernier piquet de la tente de la jeune femme, Rémi leva lentement le regard en le faisant glisser le long des jambes de Cerise. Cette dernière frissonna, comme si les yeux la caressaient réellement.

-          J’aime le risque, tout comme toi, me semble-t-il, dit-il en se relevant.
-          Comment ça ?
-          Proposer à un parfait inconnu de planter sa tente à côté de la sienne, ce n’est pas très prudent, même dans un camping plein de touristes.
-          Certes, mais mon intuition me dit que je n’aurais pas à le regretter !

Elle eut une envie soudaine de se rapprocher de lui, de l’envoûter du regard, de l’emprisonner dans ses bras. Le trouble qu’elle avait ressenti un peu plus tôt s’immisçait à nouveau en elle ; elle se mordilla la lèvre.

-          Il n’est pas encore midi, fit Rémi en consultant sa montre. Je te propose que nous prenions une douche, puis je t’amène visiter Rocamadour.
-          Oui, faisons cela, répondit-elle d’une voix rauque.

Second site de pèlerinage en France, juste derrière le Mont-Saint-Michel, placé au cœur du Haut Quercy, Rocamadour (Rŏc Amador en langue occitane) tiendrait son nom actuel de Rocamajor, « Roca » signifiant un abri sous roche et « major » l’importance du lieu. En 1166, le nom fut christianisé après la découverte des reliques de Saint Amadour et, en 1473, le site aurait été renommé la Roque de Saint Amadour. C’est en 1618 qu’apparut pour la première fois le nom de Roquemadour, sur une carte du diocèse de Cahors.

Donnant sur la vallée encaissée de l’Alzou, la cité est littéralement accrochée le long d’une puissante falaise de plus de 120 mètres de haut et est un lieu de pèlerinage réputé depuis le XIIe siècle. Les ruelles tortueuses sont barrées par une série de portes fortifiées : porte de Salmon, de Cabillère, de l’hôpital, du figuier. Un escalier monumental, que quelques pèlerins, aujourd’hui encore, montent à genoux, mène à l’esplanade des sanctuaires, où se côtoient la basilique Saint-Sauveur, la crypte de Saint-Amadour et les chapelles Sainte-Anne, Saint-Blaise, Saint-Jean-Baptiste, Notre Dame et Saint-Michel, le tout dominé par le palais des Evêques de Tulle.

Après avoir quitté le grand escalier, une nouvelle ascension, par le chemin de croix, mène au château et à la Croix de Jérusalem. C’est un sentier sur lequel on retrouve les douze stations représentant les différentes étapes du chemin de croix du Christ.

En surplomb de Rocamadour, se trouve le lieu-dit l’Hospitalet, nom trouvant son origine dans « espitalet » signifiant « petit hôpital ». Fondé en 1095 par Hélène de Castelnau, le lieu conserve encore quelques vestiges de son passé et offre un point de vue fantastique sur la beauté grandiose de Rocamadour.

C’est à l’entrée de l’Hospitalet que débouchèrent Cerise et Rémi en quittant le camping à pied. La douche leur avait fait un bien fou à tous deux, chassant toute la sueur et la fatigue qu’ils avaient accumulé depuis l’aurore. Elle leur avait aussi ouvert l’appétit et ils avaient décidé de grignoter un bout avant de partir en excursion, partageant leurs provisions respectives, tout juste de quoi leur caler provisoirement l’estomac : l’un comme l’autre n’avaient pas fait le plein de nourriture, pour avoir à supporter le moins de poids possible sur leur vélo.

Vêtue d’une courte robe à fleur, ses cheveux emprisonné dans un foulard, qui semblait être fait de soie, assez grand pour lui servir de couvre-chef, Cerise rayonnait de beauté et de joie. Le site qui se trouvait devant ses yeux était réellement magnifique. Il avait quelque chose de magique, comme s’il s’en dégageait une force invisible, mystérieuse, fascinante, envoûtante et si apaisante. Et puis, il y avait cet homme que le destin lui avait fait rencontrer. De lui aussi il émanait une sorte de force tranquille, un quelque chose qui ne la laissait pas du tout indifférente, un charme en accord parfait avec les lieux.

-          Les maisons sur les rivières, lui murmura-t-il en se penchant à son oreille, les églises sur les maisons, les rochers sur les églises et le château sur le rocher…
-          Voilà qui est joliment dit !
-          Ce n’est pas de moi ; il s’agit de la phrase d’introduction que l’on trouve sur le site officiel du Tourisme dans le Lot. Je trouve qu’elle résume plutôt bien ce que nous avons devant nos yeux.
-          C’est vrai… Tu sais, j’ai visité le Mont Saint-Michel, il y a quelques années, et j’ai l’impression que Rocamadour dégage un truc en plus… sans pouvoir te dire quoi exactement.
-          Je pense qu’il n’est pas possible de faire des comparaisons entre la mer et la terre ; ce sont nos propres sensibilités qui vont, ou non, déclencher quelques choses en nous.
-          Qu’entends-tu par sensibilités ?
-          Je suis né sur cette terre ; je lui appartiens. D’elle, je puise ma force, ma sérénité. A elle, je puis confier mes doutes, mes peurs, mes joies et mes peines… Elle m’a souvent consolé, aidé dans mon enfance, lorsqu’il me semblait que mes problèmes étaient insurmontables, insupportables. Aujourd’hui encore, quand je me sens fatigué, vidé, il me suffit d’y revenir pour retrouver un nouveau souffle. Cette communion entre cette terre et moi fait qu’elle aura toujours ma préférence, quel que soit la beauté du Mont Saint-Michel ou de tout autre site, et il en est certainement de même pour les natifs des bords de mer, ou des hautes montagnes.
-          C’est curieux. Quand tu parles de ta terre, il me semble que tu me parles d’une femme, d’une belle et grande histoire d’amour, fit remarquer Cerise, mais une histoire un peu triste car vous passez votre temps à vous quitter et à vous retrouver.

Ils se tenaient très proche l’un de l’autre, presque à se toucher, presque à pouvoir ressentir le souffle de leur respirations respectives sur leur visage. Celle de Cerise s’était brusquement accélérée, tandis que celle de Rémi restait lente et posée. Il y eut quelques secondes de silence, quelques secondes où leurs échanges passèrent uniquement par des jeux de regards, les amenant à percevoir des émotions qu’ils ne savaient pas vraiment comment interpréter.

-          C’est sans doute quelque chose comme ça, finit par dire Rémi, une histoire d’amour très particulière, où la terre donne sans compter, parfois même sans recevoir en retour.
-          Tu dois être un écologiste convaincu ?
-          Je respecte la terre, qu’elle soit occitane ou autre, du reste. C’est une entité vivante, comme le sont les mers ou les océans, qui nous porte depuis si longtemps que l’on a oublié qu’elle pouvait souffrir elle aussi, tomber gravement malade… L’écologie ne devrait pas exister : l’être humain devrait être assez intelligent pour avoir conscience de son environnement sans qu’il soit besoin de créer une ou des catégories écologistes !
-          Ce n’est pas vraiment le cas, n’est-ce pas ?
-          J’en ai peur… Mais ne parlons pas de choses tristes ; allons plutôt voir les ruelles étroites de Rocamadour !
-          Avec grand plaisir ! répondit Cerise en remettant ses lunettes de soleil.

Ils ne virent pas défiler le reste de la journée, tant ils entrèrent dans une parfaite osmose. Il lui montra les moindres coins et recoins de Rocamadour en trouvant toujours une anecdote à raconter, historique ou bien tenant de la légende occitane, et plus il parlait, plus son accent sudiste se renforçait, comme si la terre revenait l’habiter, corps et âme, en rendant sa voix mélodieuse que les chants des cigales et grillons, et aussi chaude que le soleil.

Pour la première fois depuis qu’elle avait débuté ses vacances, Cerise n’eut pas une seule pensée pour les problèmes qu’elle avait laissé dans son appartement parisien. Rémi la faisait rire, la charmait et, une fois encore, elle remerciait intérieurement le destin qui avait provoqué cette crevaison au bon endroit, au bon moment. Elle se sentait si bien, qu’elle souhaitait que cette journée ne finisse jamais, qu’ils puissent continuer à déambuler ainsi, insouciants, dans les ruelles du site où se succédaient boutiques et étals en tous genres, monter, descendre et remonter encore le gigantesque escalier, flâner à nouveau le long du chemin de croix ombragé, ou bien encore aller prendre une autre glace à la terrasse du vieux moulin, au pied de Rocamadour.

Tout en contant Rocamadour, Rémi s’interrogeait sur ce qu’il se passait en lui. Il était chez lui, sur les terres de son enfance, ce qui le rendait léger, presque d’humeur joyeuse, mais il sentait qu’il se passait quelque chose de bien plus profond, d’indéfinissable pour le moment, mais assez présent pour arriver à le troubler. Etait-ce cette jeune femme qui l’enivrait ? Il avait pourtant passé l’âge des amourettes de vacances.

-          Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas passé une aussi bonne et belle journée ! s’exclama Cerise alors qu’ils se tenaient sur un petit promontoire s’ouvrant sur l’Alzou, et c’est à toi que je le dois. Merci beaucoup, ajouta-t-elle en lui déposant un baiser sur la joue.
-          J’en ai éprouvé tout autant de plaisir, jolie Cerise.
-          Vraiment ?
-          Oui, vraiment, d’autant plus que je suis gratifié d’un joli baiser !

Cerise esquissa un petit sourire ; un courant chaud lui traversa le ventre. Une nouvelle fois, elle se dressa sur la pointe des pieds et s’enhardit à déposer un second baiser très proche de la commissure des lèvres de Rémi. Celui-ci fut aussitôt gagné par une forte émotion ; il eut l’impression qu’une boule de feu explosait en lui. Il trouva la jeune femme encore plus belle, envoûtante. Elle avait relevé ses lunettes de soleil sur sa tête et ses yeux brillaient comme s’ils étaient vraiment devenus deux perles précieuses. Il eut envie de lui caresser la joue, de la serrer dans ses bras, mais il résista.

-          Avec tout ceci, dit-il presque dans un murmure, nous ne nous sommes pas ravitaillés en nourriture.
-          C’est pourtant vrai !
-          Je te propose un restaurant.
-          Belle proposition, qui ne se refuse pas.
-          Parfait ! Il y en a un à deux pas d’ici qui devrait te charmer.
-          Hannn… Si je continue à être charmée, je vais finir par fondre complètement !
-          Viens !
Dans un pur réflexe, Rémi prit la main de Cerise pour l’entraîner avec lui. Il se rendit compte aussitôt que son geste pouvait paraître déplacé et allait lâcher cette main, prêt à s’excuser, quand la jeune femme resserra la pression de ses doigts en lui adressant un grand sourire.

Vous souvenez-vous de cette curieuse émotion qui nous gagne à certains moments de notre vie, ces moments où notre esprit nous adresse des messages qui ne semblent pas avoir de sens, où notre corps devient cotonneux, où notre gorge se trouve comme encombrée par une petite boule étrange, et où nos mains tremblent de manière presque imperceptible ? Brusquement, nous voyons la personne qui se tient devant nous différemment, comme si elle brille d’une lumière hypnotisante, comme si cette personne est devenue la seule chose ayant une réelle existence tout autour de nous. On ressent alors comme une explosion partant de l’estomac et se répandant rapidement dans tout le corps, l’enveloppant d’une tendre chaleur qui nous fait frissonner. Vous souvenez-vous avoir connu une telle émotion ? Oui, bien sûr, et c’est cette même émotion qui gagna Cerise et Rémi à l’instant même où leurs mains se joignirent.

-          Allons-y, fit Rémi d’une voix qui semblait brusquement enrouée.

Situé sur une petite place non loin des premières marches du grand escalier, l’hôtel restaurant Jean de Valon offre, en plus d’une excellente cuisine gastronomique, deux salles à manger avec de superbes points de vue. L’une d’elle, la salle panoramique, domine les gorges de l’Alzou, tandis que la seconde est une terrasse-jardin où fleurissent les tilleuls et où le regard passe à volonté de la vallée aux sanctuaires scellés à flanc de falaise.

Voulant faire profiter du coucher de soleil derrière les hauteurs de la vallée, Rémi demanda une table dans la salle panoramique et le garçon de salle, devinant sans doute quelque chose qui échappait encore au couple,  les installa sur l’un des meilleurs côtés de la grande baie vitrée.

-          C’est magnifique ! s’exclama Cerise.
-          Je vais te dire ce qui est réellement magnifique : un restaurant de qualité, suspendu au-dessus de l’Alzou, avec un superbe coucher de soleil derrière une cerise si belle, que l’on n’ose espérer pouvoir la croquer un jour !
-          Wow ! Vous savez parler aux femmes, cher monsieur !
-          Disons que je suis simplement inspiré par ce que je vois.

Cerise se mordit la lèvre. Son corps s’était mis à battre sur un rythme qu’elle connaissait bien, un rythme qu’elle ne l’avait plus connu depuis longtemps, celui du désir, de l’envie de posséder et d’être possédée.

-          Je ne veux pas que cela s’arrête ! dit-elle. Je me sens si bien, comme si j’étais enveloppée de magie et je ne veux pas que cette magie disparaisse tout de suite !
-          Rassure-toi, je te réserve encore un peu de magie, juste après le dîner… Pour être plus exact, Rocamadour te réserve un autre de ses tours de magie !
-          Je suis intriguée, répondit-elle en se mordant à nouveau la lèvre.
-          Et cela vous va à ravir, mademoiselle.

Il faisait nuit noire lorsqu’ils quittèrent le restaurant. Le ciel était dégagé de tous nuages et une myriade d’étoiles y étincelait, donnant tout son sens au qualificatif de voûte étoilée, un spectacle si rare à Paris.

Ne se tenant plus par la main, mais bras dessus, bras dessous, Cerise et Rémi prirent la petite route qui montait sur l’Hospitalet ; quiconque les aurait croisés à cet instant, les aurait pris pour un couple d’amoureux flânant à la belle étoile.

-          Et ce dernier tour de magie ?
-          Patience, Cerise, nous nous y rendons. Il faut juste que tu me promettes de ne pas regarder derrière toi, tant que je ne te le demanderai pas !
-          Je suis de plus en plus intriguée !
-          Et cela te va de mieux en mieux, rétorqua Rémi en riant. Promets le moi !
-          D’accord, je te le promets, répondit Cerise en se serrant un peu plus contre lui.
-          Tu as froid ? s’enquit-il en percevant un frisson.
-          Non, je me sens simplement bien, tellement bien, totalement apaisée.
-          Sans doute la terre occitane joue-t-elle de ses charmes avec toi !
-          Oui, on va dire ça comme ça.

Rémi les fit bifurquer sur la gauche, sur une sorte de petite place qu’ils traversèrent sans s’arrêter. Ils arrivèrent devant des ruines que Cerise imagina être celle d’une ancienne église, ou quelque chose dans le genre, en raison d’un clocher encore apparent. Elle se faufila, à la suite de Rémi, entre de grosses pierres, vestiges d’un ancien mur, et se retrouva dans ce qui avait dû être autrefois la pièce principale du bâtiment, une petite salle rectangulaire encore fermée, par endroits, par des restes de murs plus ou moins hauts et plus ou moins en bon état. La seule chose qui semblait avoir bien survécu au temps, était ce pan de clocher, tenant par miracle, abritant toujours sa cloche.

-          Où sommes-nous ? demanda Cerise.
-          Dans les ruines de l’hôpital Saint-Jean. Il fut fondé au 11è siècle pour accueillir les pèlerins. L’Hospitalet, s’est construite à sa suite.
-          D’où ce nom, c’est ça ? L’Hospitalet pour l’hôpital.
-          En effet. On trouve beaucoup de lieu-dit ainsi nommé, et pas uniquement en France, et tous ont la même origine : un hôpital plus ou moins modeste.
-          C’était ça ta surprise ?
-          Non, répondit Rémi en éclatant de rire, ces ruines en sont juste l’écrin ! Viens, ajouta-t-il en la prenant par la main.

Il l’amena rapidement sur l’un des côtés des ruines et les yeux de Cerise s’écarquillèrent d’émerveillement : devant elle, se dressait un Rocamadour brillant de mille feux.

-          Irréelle splendeur au détour de la côte, récita Rémi d’une voix douce comme le velours, mirage brun et mauve, Rocamadour la haute surgit, escaladant de son farouche élan le sauvage canyon qui la porte… Voilà les mots qui vinrent à Victor Hugo lorsqu’il découvrit ce lieu magique.
-          C’est tellement beau, murmura Cerise en plantant son regard dans celui de Rémi, que je ne trouve plus de qualificatifs dignes de ce lieu.
-          Belles sont aussi les deux émeraudes qui brillent devant mes yeux.
-          Quel type de magicien êtes-vous donc, monsieur ?... Tu réussi à me faire évader dans un autre monde, si enchanteur…
-          Ce n’est pas moi le magicien, Cerise, c’est cette terre qui est féérique… et toi qui en est la fée.

Le corps tendu par le désir, la jeune femme posa son index sur les lèvres de Rémi pour lui imposer le silence. Bouche entr’ouverte, elle resta un instant immobile à l’écoute des émotions qui dansaient en elle, des battements de son coeur qui résonnait à ses oreilles. Puis elle fit lentement glisser son doigt et ce fut sa main qui caressa une joue rendue légèrement râpeuse par une barbe naissante. Doucement, elle se souleva sur la pointe des pieds, passa un bras autour du cou de Rémi et leurs lèvres se rapprochèrent, se touchèrent, fusionnèrent. Un courant électrique les traversa tous deux lorsque leurs langues entamèrent une joute passionnée. Cerise se colla encore plus à lui et fut gagnée par une immense satisfaction en sentant la virilité s’éveiller contre son corps de femme.

-          On dirait qu’une autre magie est en train de s’opérer, murmura-t-elle en glissant une main entre les jambes de Rémi.

Elle entreprit de caresser le sexe durcit au travers du pantalon en toile, puis eut très rapidement envie de beaucoup plus, envie de sentir la chair entre ses doigts, envie de goûter à sa saveur. Elle s’imaginait bien que Rémi, étant plus âgé que les hommes qu’elle avait connu jusqu’à présent, devait avoir une expérience plus grande que la sienne, aussi eut-elle la volonté, sans s’expliquer pourquoi, de lui prouver que, du haut de ses 27 ans, elle n’était pas une novice dans l’art du plaisir ; elle décida que le premier assaut serait pour elle.

Lâchant les lèvres de Rémi, elle se recula de quelques pas, le souffle court, et détacha le foulard qui emprisonnait toujours sa longue chevelure.

-          Tourne-toi ! dit-elle sur un ton empreint à la fois d’autorité et d’excitation. Et mets tes mains dans le dos !
-          Quoi ?
-          Ne pose pas de questions et fais-moi confiance ; tu ne le regretteras pas !

Après une courte hésitation, Rémi s’exécuta et se laissa lier les mains sans offrir la moindre résistance. La jeune femme serra fortement le foulard autour de ses poignets et il sentit l’excitation humidifier son caleçon.

Cerise l’observa longuement, prenant un réel plaisir à le voir ainsi à sa merci, puis elle se rapprocha à nouveau de lui en le défiant du regard, un regard qu’il soutint sans sourciller, un sourire au coin des lèvres.

-          Il semble que nous n’allons pas beaucoup dormir cette nuit, dit-il.
-          Après cette nuit, lui répondit-elle d’une voix enjôleuse, tu auras certainement besoin de dormir, mais je te garantis que tu n’auras plus envie de me quitter !
-          Vous me paraissez bien sûre de vous, mademoiselle.

Cerise fit sauter l’unique bouton qui retenait le pantalon en toile et celui-ci glissa jusqu’aux chevilles de Rémi ; la verge, portant sur la droite, déformait délicieusement le caleçon moulant. Elle promena le bout d’un ongle le long de la bosse et le contact, léger comme une plume, arracha des frissons à Rémi.

-          Sais-tu que, malgré l’heure tardive, d’autres personnes peuvent être amenées à visiter ces ruines ?
-          Cela rend la situation encore plus excitante, répondit-elle en souriant, tu ne trouves pas ?

Il ne répondit rien, mais elle savait qu’il l’approuvait. Une petite voix intérieure lui soufflait qu’il aimait les jeux sexuels ; autrement, pourquoi se serait-il laissé attacher ainsi ?

Avec une lenteur diabolique, Cerise s’accroupit en faisant glisser tous ses ongles le long des cuisses musclées de son prisonnier, puis elle approcha son visage du caleçon et renifla l’odeur de mâle qui s’en dégageait. Elle y colla le bout de ses lèvres et déposa plusieurs baisers en suivant toute la longueur de la hampe. Enfin, toujours avec la même lenteur, elle fit glisser le caleçon jusqu’à mi-cuisses et la verge se dressa fièrement devant sa bouche. Malgré la nuit, elle pouvait parfaitement en voir tous les détails grâce à l’éclairage naturel de la pleine lune : la grosse veine qui serpentait, le gland entièrement décalotté et l’urètre entrouvert, d’où perlait une goutte translucide. Des picotements firent vibrer son intimité, tandis qu’elle tendait une main vers l’objet de sa convoitise. Du bout des doigts, elle soupesa les testicules, l’un après l’autre, avant de les refermer brutalement, juste au-dessus d’eux, près de la hampe, pour mieux les faires saillir. Rémi se cambra et poussa un cri, plus de surprise que de douleur, puis il se mit à trembler de plaisir lorsque, de son autre main, Cerise se mit à lui gratter les bourses du bout des ongles.

-          Tu as décidé de me mettre au supplice ? demanda-t-il.
-          Mais n’est-ce pas là un doux supplice ?
-          Bien sûr, tu devines que je saurai prendre ma revanche ?
-          Non seulement je le devine, répondit elle en déposant un baiser, du bout des lèvres, sur le gland turgescent, mais je l’espère !

Rémi ferma les yeux et donna un coup de hanche pour aller à la rencontre de la bouche de sa tortionnaire, mais cette dernière recula rapidement son visage et accentua la pression de ses doigts ; les testicules semblèrent augmenter encore de volume, comme s’ils étaient sur le point d’exploser. L’urètre s’ouvrit un peu plus et la goutte qui y perlait devint un mince filet que Cerise recueillit sur le bout de la langue.

-          Ton excitation à bon goût, susurra-t-elle.

Rémi se crispa en sentant la pointe de la langue percer la fente de son urètre, comme si elle souhaitait pénétrer dans le canal, avant de se retirer pour danser autour de son prépuce, s’attardant par moments sur le frein. Des ondées de chaleur remontaient par vagues successives du creux de ses cuisses, pour venir exploser dans son ventre en lui tirant de longs gémissements. La langue s’avérait redoutable dans son jeu, totalement maîtresse de la montée de son plaisir.

Cerise était ravie de voir qu’elle maîtrisait toujours aussi bien son sujet ; cela faisait si longtemps qu’elle n’avait ainsi joué avec le plaisir d’un homme. A ses muscles se tendant de plus en plus, à la grosse veine battait à présent tel un cœur le long de la verge, elle devinait la douce souffrance de son prisonnier et en éprouvait un plaisir intense.

Rémi se cambra brutalement et Cerise retira aussitôt son visage. Une goutte de sperme apparut tout d’abord aux portes de l’urètre, avant d’être expulsée par un jet qui s’écrasa sur le front de la jeune femme. Tremblant de tous ses muscles, Rémi se tortilla pour tenter de trouver une bouche, une main, un mouvement libérateur qui ne vint pas. Cerise promena son souffle tout autour du gland, attendant que son prisonnier se calme un peu, puis elle recommença à agacer le frein par des mouvements circulaires de la langue, jusqu’à ce qu’un nouveau râle la fasse s’arrêter pour regarder jaillir un autre jet de sperme.

-          Tu vas me rendre dingue !
-          C’est ce que je veux, répondit Cerise en léchant la semence qui avait coulé sur ses lèvres.

Elle recommença l’opération à trois reprises, jusqu’au moment où, devenu incapable de contrôler ses tremblements, Rémi tomba à genoux, la respiration forte et saccadée. Cerise frissonna de plaisir en croisant son regard, y entrevoyant la torture qu’il lui infligerait à son tour. Elle desserra l’étreinte autour des testicules, puis fit lentement remonter ses doigts le long de la verge pour s’arrêter sur le dessus du gland qu’elle massa doucement. Rémi aurait souhaité que les doigts accélèrent leurs mouvements, mais il comprit que la jeune femme n’en ferait rien. Il sentit, pour la quatrième fois, le sperme monter le long de sa hampe et craignit que sa tortionnaire s’arrête une nouvelle fois. Mais ses doigts continuèrent à se mouvoir au même rythme, appelant peu à peu la sève du mâle, dansant sur le gland, l’effleurant, le tapotant. Il eut l’impression que son ventre explosait, que son corps se mettait à brûler. Pris dans un violent orgasme, il ne put retenir ses cris qui résonnèrent dans la nuit. Ses testicules se soulevèrent dans leur poche et il s’effondra sur l’épaule de la jeune femme, tout en se libérant entre ses doigts, sur la paume de sa main, sur un pan de sa robe, sur un genou. Cerise ferma les yeux pour mieux profiter de la chaleur du sperme et des cris de bonheur dont elle était responsable, des gémissements qui se marièrent si bien avec les chants nocturnes des grillons.

            Encore pris par les vertiges de son orgasme, Rémi se releva lentement. Un peu de sperme coulait sur sa verge, tendue, toujours bien droite, vers le visage de Cerise. Cette dernière ne put s’empêcher d’en lécher le gland et frissonna de plaisir lorsqu’elle entendit le profond soupir de son prisonnier.

-          Tu es incroyable !
-          Et tu n’as encore rien vu ! répondit-elle en souriant malicieusement.

Il planta son regard dans les yeux verts de la jeune femme, toujours agenouillée devant lui, peinant encore à réaliser que tout ceci était bien réel. Elle se mordillait à nouveau sa lèvre inférieure, affichant un air de petite ingénue irrésistible. Il eut envie de se jeter sur elle, de la prendre entre ses bras, mais il avait toujours les mains liées dans le dos, une entrave dont il souhaitait être dégagé très rapidement à présent.

-          Je crois, dit-il d’une voix chaude, que c’est à mon tour de jouer avec toi !

Cerise se sentit submergée par un désir si violent, qu’elle manqua de se mordre la lèvre jusqu’au sang.

-          Détache-moi ! insista-t-il sur un ton de commandement.

En se redressant, elle se rendit compte à quel point sa culotte était devenue poisseuse ; son intimité réclamait à grands cris à ce que l’on s’occupe enfin d’elle. Elle devinait son clitoris gonflé et imagina sa vulve dégageant un ruisselet d’excitation qui perlait entre ses petites et grandes lèvres. Sa main droite aussi était humide ; elle s’aperçut qu’elle dégoulinait de sperme. Fixant fièrement Rémi, elle lécha doucement cette semence, s’attardant sur ses doigts en mimant une fellation provocatrice.

-          Détache-moi maintenant ! répéta Rémi qui brûlait d’envie de partir à la découverte de ce corps si charnel qui lui faisait impunément face.

Cerise se colla à lui et passa ses bras autour de son buste pour atteindre le nœud du foulard. La verge, qui n’avait toujours pas perdu de sa vigueur, repoussa le pan de sa robe, s’insinua en dessous et, dans un réflexe plus ou moins contrôlé, elle resserra ses jambes pour emprisonner le sexe entre ses jambes.

Rémi se raidit sous le double contact de la chaleur des cuisses et de la moiteur de la culotte ; sa verge avait été si bien menée, qu’elle restait d’une incroyable sensibilité. Il courba la tête sur la nuque de Cerise et la mordilla en plusieurs endroits, tout en savourant le parfum qui s’en exhalait.

-          Hummm… That’s great, murmura-t-elle en se raidissant.
-          Tu parles anglais, maintenant ?
-          Toujours, quand mon esprit s’égare dans le labyrinthe des délices.

Cerise défit nerveusement le nœud qui maintenait Rémi prisonnier et se recula de quelques pas. Il acheva de se détacher tout seul, jeta le foulard sur son épaule, remonta caleçon et pantalon, et s’approcha d’elle.

-          Tes cheveux semblent être faits pour jouer aussi bien avec les rayons du soleil, qu’avec ceux du clair de lune, murmura-t-il en plongeant ses doigts dans la chevelure soyeuse.
-          Tu me fais fondre, dit-elle en fermant les yeux et en posant sa joue contre la paume virile.

Rémi esquissa un petit sourire et agrippa fermement la jeune femme par la taille.

-          A ton tour d’être entravée, lui chuchota-t-il à l’oreille. Enlève ta culotte ! ordonna-t-il en se reculant de quelques pas.
-          Vos désirs sont des ordres, monsieur, répondit Cerise d’une voix troublée par l’émotion.

Elle s’exécuta rapidement, mais en prenant soin de ne jamais dévoiler son intimité aux yeux scrutateurs de Rémi, s’amusant intérieurement de l’étincelle de convoitise qu’elle lisait dans son regard. Elle tendit sa culotte devant elle et lui adressa un grand sourire.

-          Et maintenant ? demanda-t-elle.

Rémi se rapprocha à nouveau d’elle et effleura son visage du bout des doigts, terminant par les lèvres fines si bien dessinées. Elle entrouvrit légèrement la bouche et chercha à saisir l’un des doigts qui la caressaient, mais il retira aussitôt la main.

-          Maintenant, dit-il à voix basse, je veux entendre ta voix entonner une douce mélodie, un chant lyrique qui se mêlera à celui  des grillons.

Il lui prit la culotte des mains, la porta à ses narines et respira à pleins poumons en fermant les yeux ; Il se sentit grisé par l’odeur de cyprine.

-          Tu sens très bon. J’ai hâte de te goûter !

Cerise se liquéfia encore plus ; son cœur cogna plus fort dans sa poitrine et sa respiration se fit plus rapide, plus courte aussi. Rémi se déplaça lentement et vint se positionner derrière elle.

-          A ton tour, jolie petite Cerise, de mettre tes mains dans le dos !

La jeune femme obéit immédiatement. Rémi lui plaça les poignets bien en croix, avant de solidement les attacher avec la culotte.

-          Liée, murmura-t-il à son oreille, et privée de vue, ajouta-t-il en lui bandant les yeux avec le foulard. Cela va obliger ton corps à être parfaitement à l’écoute de la moindre caresse et réceptif au moindre souffle.

A l’écoute ? Son corps lui semblait l’être déjà totalement, ne demandant plus qu’à s’abandonner aux caresses. Elle eut toutefois un court instant de panique, se disant qu’elle était complètement folle de s’abandonner ainsi, sans défense, à un parfait inconnu. Mais ce sentiment disparut aussi vite qu’il était venu ; de toute manière, il était un peu tard pour faire marche arrière. De toute manière, elle n’en avait aucune envie.

Elle sursauta en sentant les mains de Rémi se poser sur ses épaules. Il la fit s’avancer de quelques pas, puis la fit se tourner pour qu’elle puisse s’adosser à un muret. Les pierres arrondies conservaient encore la chaleur de la journée, une chaleur qui traversa sa robe pour se mélanger à celle de son propre corps. Une senteur de tilleul flottait tout autour d’elle, portée par un vent léger qui, par moments, faisait glisser son souffle sur une jambe ou une joue. Il avait raison : les yeux bandés, tout lui paraissait différent, amplifié, jusqu’à lui donner l’illusion que les courants d’air étaient comme des dizaines de doigts qui se promenaient sur son corps. Mais lui, où se tenait-il à ce moment même ? Que faisait-il ? Une fois de plus, elle ne put s’empêcher de se mordre la lèvre.

Un nouveau courant d’air lui balaya lentement le visage. Mais celui-ci était bien trop précis, trop persistant, pour qu’il s’agisse du souffle du vent. C’était lui, Rémi, sans le moindre doute. Elle ne pouvait le voir, mais elle le devinait tout proche d’elle, son visage à quelque millimètre du sien. En se concentrant mieux, elle parvint à entendre, par-dessus le chant des grillons soudainement devenu plus lointain, le son d’une respiration lente, calme, envoûtante. Le souffle se fit plus fin, descendit le long de sa nuque, puis remonta vers ses lèvres en se transformant en quelque chose d’humide lorsqu’il les effleura. Elle comprit qu’il s’agissait de sa langue et elle voulut l’enrouler autour de la sienne, mais Rémi était déjà reparti plus bas, déposant un baiser sur le bout de son menton, puis un autre à la naissance de son cou. Elle se crispa de plaisir et il en déposa un autre, puis encore un autre, et encore un autre, en suivant méticuleusement la courbe de sa nuque, pour déborder sur son épaule.

-          You make me crazy ! s’exclama-t-elle lorsqu’il se mit à lui mordiller la nuque.
-          Ne t’avais-je pas dit que je saurais me venger ? répondit-il en redescendant lentement vers le décolleté de la robe, tantôt l’embrassant, tantôt l’effleurant à peine du bout des lèvres.

La poitrine de Cerise se soulevait et s’abaissait rapidement et il devina, en voyant les seins pointer au travers du tissu, qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Il se courba et fit glisser sa langue sur la robe, tournant autour de l’un des tétons qui s’érigea encore plus. Cerise se cambra et poussa un soupir : les dents de son amant avaient délicatement emprisonné le téton. La robe légère n’offrait qu’un mince rempart et elle sentait parfaitement le contact de la langue à la pointe démoniaque. Un courant chaud la traversa des pieds à la tête et son désir coula entre ses cuisses.

-          Argg… Tu es en train de m’incendier totalement ! dit-elle en bombant sa poitrine.
-          Pourtant, je n’ai encore rien fait, répondit-il en se redressant. Sais-tu que tu as des seins magnifiques ?
-          Je sais surtout qu’ils ont très envie que l’on s’occupe d’eux ! répondit-elle sur un ton un peu trop autoritaire.
-          Malheureusement pour eux, ils doivent se plier à mes envies ! répliqua-t-il, juste avant de déposer un baiser furtif au coin de ses lèvres.

Il reprit sa douce torture, mélangeant savamment baisers légers, petites morsures, caresses du bout des lèvres et petits coups de langues, s’attaquant tour à tour à une épaule, au cou, à la nuque, au lobe d’une oreille, puis redescendant sur sa poitrine, avant de remonter vers ses paupières. Cela paraissait désordonné, sans aucune logique, mais c’était d’une redoutable efficacité, désorientant complètement la jeune femme, électrisant la moindre parcelle de son corps, même les endroits qui n’avaient pas encore été touchés. Ses soupirs devinrent peu à peu des gémissements, ponctuant une respiration de plus en plus saccadée, puis les caresses s’arrêtèrent brusquement. Haletante, elle tendit l’oreille mais ne perçut rien d’autre que le chant des grillons, les battements de son coeur et le son de son propre souffle.

-          Tu es toujours là ? finit-elle par demander d’une voix rauque.
-          Bien sûr, répondit Rémi en s’agenouillant devant elle.

Elle sursauta lorsque des doigts se posèrent sur l’une de ses chevilles, puis rejeta la tête en arrière, laissant échapper un long râle de plaisir, quand ces mêmes doigts remontèrent le long de son mollet. Ils caressèrent le contour de son genou, avant de sauter sur l’autre jambe où ils entamèrent le même chemin en sens inverse. Le touché était subtil, léger, si doux que la peau se couvrit rapidement de chair de poule. Rémi fit ainsi plusieurs aller-retour, s’arrêtant à chaque fois un peu plus haut,  passant d’une jambe à l’autre, puis sa main glissa sous la robe, passa entre les cuisses ouvertes de Cerise et effleurèrent son intimité. Il perçut le tressaillement de la jeune femme, devina, au mouvement de son bassin, qu’elle souhaitait qu’il poursuive plus loin son exploration, mais il se contenta de suivre le sillon des grandes lèvres, avant de remonter vers le pubis qu’il trouva parfaitement lisse. Il esquissa un dessin improbable, entourant le nombril dans un cercle imaginaire, et elle jeta un peu plus son bassin vers l’avant, tremblante de désir. Un réflexe incontrôlé la poussa à tirer sur le lien qui la retenait prisonnière, désirant attraper son amant par les cheveux pour le forcer à coller sa bouche à sa vulve, mais le tissu avait beau être petit et fin, la culotte était bien attachée, très bien serrée. 

-          A présent, il ne fait plus aucun doute que tout ton être est à mon écoute !
-          Lick me ! répondit-elle sur un ton de supplique. Please !

L’esprit complètement égaré dans les méandres du plaisir, Cerise ne se rendait plus compte de ce qu’elle disait. Les mots, tout comme les gémissements de plus en plus longs, de plus en plus forts, sortaient de sa gorge sans qu’elle en ait le moindre contrôle, ni la moindre honte.

Posant ses mains sur chacune des cuisses de la jeune femme, Rémi releva la robe jusqu’à découvrir l’objet de sa convoitise, une vulve parfaite, vierge de tout poil. Il approcha ses narines pour en respirer les douces senteurs, puis fit glisser la pointe de sa langue entre les grandes lèvres, sans trop s’engager dans la fente, juste assez pour recueillir un peu de cyprine.

-          Non seulement tu sens bon, mais tu as aussi un goût exquis !

Cerise se tortilla en se mordant la lèvre ; elle se sentait devenir flageolante et prit un peu plus appuie contre les pierres du muret. Des vagues chaudes s’élevaient du creux de ses reins pour venir mourir au fond de sa gorge. Des milliers de fourmis semblaient grimper le long de ses jambes, provoquant des picotements si agréables, que ses tremblements s’en trouvèrent accentués.

-          Oh God ! God ! s’écria-t-elle brusquement, tandis que la langue s’enfonçait en elle, en serpentant entre ses lèvres, pour s’agiter énergiquement dans sa cavité. Shit !!

Rémi but plusieurs gorgées de la liqueur que lui offrait si généreusement la jeune femme, surpris de trouver une telle abondance. Sa bouche collée à la vulve, telle une ventouse, il explorait le vagin aussi loin que pouvait aller sa langue, bercé par les gémissements de sa prisonnière. Cette dernière ondulait de plus en plus nerveusement du bassin. Les vagues se déchainaient en elle, devenant de plus en plus fortes, plus violentes. Quelques seconde de plus et un tsunami de plaisir l’aurait emportée, mais Rémi en décida autrement et retira brusquement sa bouche, la frustrant de l’ultime plaisir. Elle lui adressa une envolée de jurons en balançant son bassin vers l’avant pour retrouver le contact de cette langue si habile, mais il la saisi fermement par la taille et la plaqua contre le muret.

-          Quelle chance que nous ayons un tel clair de lune, lui dit-il doucement. Il me permet d’admirer toute la splendeur de ton bouton d’or !

Le clitoris avait tant gonflé, qu’il en était presque sorti de son écrin protecteur. Rémi mit sa bouche en cul-de-poule et souffla sur lui, provoquant une nouvelle série de cris chez la jeune femme qui se tortilla de plus belle.

-          J’ai envie de le prendre dans ma bouche, dit-il d’un ton malicieux. Mais je ne sais si je peux !

Ces dernières paroles achevèrent de rendre folle Cerise. S’appuyant de toute la longueur de son dos contre le muret, elle arriva à passer une jambe par-dessus l’épaule de Rémi et, avec une force qui le surpris, elle l’amena à se recoller à elle.

-          Suce-moi ! cria-t-elle.

Rémi happa le clitoris et le fit rouler autour de sa langue à plusieurs reprises, avant de s’amuser à le faire glisser entre ses lèvres dans une succion très sonore.

-          Yes ! Yes !

Un éclair passa subitement devant les yeux bandés de Cerise ; des doigts s’étaient faufiler dans sa fente, entamant aussitôt une folle danse dans son intimité en feu. Son imaginaire délirant lui donnait l’impression que son clitoris avait pris des proportions gigantesques, capable de remplir toute la bouche de son amant. Les doigts qui la fouillaient avec ardeur se montrèrent rapidement d’une précision redoutable : ils avaient finir par cesser leur folle farandole, pour se concentrer sur un point particulier de sa paroi vaginale, un endroit très sensible, qui la conduisit rapidement vers des sensations qu’elle n’avait encore jamais connu jusqu’alors. Une fraction de seconde, elle eut comme une envie d’uriner, puis ce fut une explosion d’une incroyable puissance qui la propulsa dans un orgasme qui la fit hurler de plaisir. Elle perdit tout contrôle sur son corps, sur sa pensée et un liquide incolore et chaud s’écrasa sur le visage de Rémi en jets discontinus. Elle sentit le sol se dérober sous ses pieds et pensa un instant qu’elle allait s’évanouir.  Un bras vigoureux la saisit par la taille et, guidé par lui, elle se laissa tomber sur le sol.

Cerise reprenait doucement son calme, la tête reposant sur les cuisses de Rémi assis en tailleur. Il l’avait détaché, retiré son bandeau et, à présent, il jouait tendrement avec sa longue chevelure. Les yeux fermés, un sourire apaisé au coin des lèvres, elle se laissait bercer par la douce caresse et le chant des grillons. Son cœur battait encore très fort dans sa poitrine, mais son souffle était redevenu régulier et calme. Déjà, elle imaginait la suite de cette folle nuit, rêvant du sexe viril qui allait la posséder, se mouvoir en elle ; elle avait encore faim et avait hâte de recouvrer toute son énergie.

« Cette fois, pensa-t-elle, plus personne ne sera attaché : ce sera un véritable corps à corps ! »


Elle se redressa, planta ses yeux verts, encore troublé par le plaisir, dans ceux de son amant, puis approcha ses lèvres des siennes ; ils échangèrent leur tout premier baiser.

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