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vendredi 4 septembre 2015

Sappho

Cela faisait bien longtemps que cette idée occupait mon esprit : avoir une relation sexuelle avec une autre femme. Au départ, je m'étais dit qu’il ne s’agissait que d’un simple fantasme, né je ne sais trop comment, mais, au fil du temps, cela était devenu une véritable obsession, un désir occupant mon esprit continuellement et peuplant régulièrement mes rêves. Pourtant, étant parfaitement épanouie, dans tous les sens du terme, avec l’homme partageant ma vie depuis 10 ans, je savais que je n’étais pas lesbienne et je me souvenais d’un temps, pas si lointain, où je ne comprenais pas que l’on puisse avoir une attirance physique pour une personne du même sexe. Bien sûr, un peu comme beaucoup, j’avais eu des copines lesbiennes ou bisexuelles et j’avais abordé assez souvent ce sujet avec elles, écoutant leurs confidences, imaginant, tant bien que mal, leurs ébats, mais sans jamais éprouver le moindre désir de tenter l’expérience. Puis le temps avait passé. J'avais perdu mes copines de vue, partant chacune sur des chemins différents, et avait rencontré ma moitié, un homme bon et généreux, avec lequel j'étais totalement épanouie... jusqu'à ce que cette envie subite s'empare de moi.

Notre couple étant basé sur la confiance, j’avais fini par lui parler de mon obsession, non sans une certaine crainte de sa réaction. Au final, je fus agréablement surprise, non seulement par sa compréhension, mais aussi par sa volonté de m’accompagner, du mieux qu’il le pourrait, dans la réalisation de mon fantasme. Bien sûr, je sais ce que vous allez penser : tous les hommes rêvent de voir deux femmes faire l’amour entre elles et, sans doute, y-a-t-il une part de vérité en cela. Pourtant, concernant mon homme, cela n’était pas le cas. Il m’expliqua qu’il ferait tout pour m’aider, mais qu’il ne souhaitait pas, en revanche, être présent le jour où j’assouvirai enfin mon désir. Mais, bien que forte de son soutien, je me rendis vite compte qu’il ne serait pas si simple de satisfaire mon rêve. Outre le fait d’assumer complètement mon envie, il me fallait aussi trouver la bonne partenaire et je ne savais pas trop comment m’y prendre, ni où chercher. Je passai du temps, de longues heures, sur différents sites spécialisés sur INTERNET, trouvai facilement des personnes traitant du sujet, certaines me faisant des propositions, mais je ne me voyais pas faire une telle expérience avec une parfaite inconnue. Cependant, je me sentais de plus en plus excitée, de plus en plus prisonnière de mon désir et, alors que je commençais à désespérer, une porte s’ouvrit enfin à moi sans que je m’y attende.

Un vendredi après-midi, alors que je quittais mon travail très tôt, RTT oblige, Aline, une de mes collègues, me proposa d’aller profiter de la douceur printanière à la terrasse d’un café, proposition que j’acceptai bien volontiers et sans aucune arrière-pensée. Elle était très jolie, rigolote et nous nous entendions bien, mais elle était mariée et je n’imaginais pas, une seule seconde, qu’il puisse y avoir quelque chose entre nous. Alors que nous discutions de choses très variées, pas toujours des plus intéressantes, je remarquai qu’elle répondait régulièrement à ce que je supposai être des SMS.

-          Ton mari est toujours aussi amoureux ! dis-je en riant.
-          Oui, sauf que, pour le coup, il ne s’agit pas de lui, mais de mon amant virtuel !
Ce fut au tour d’Aline de rire aux éclats en voyant la mine dubitative que j’affichai.
-          Ne fais pas cette tête ! C’est purement cérébral… mais qu’est-ce c’est bon !
Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais abordé, avec elle, de sujet traitant de sexe, de près ou de loin, et, l’effet de surprise passé, je sentis un trouble certain me gagner.
-          Qu’entends-tu exactement par virtuel ? demandai-je presque dans un murmure.
-          Un homme avec qui j’ai des échanges très sulfureux par courriels, texto ou messageries instantanées !
-          Et ton mari est au courant ?
-          Bien sûr que non ! Mon amant est mon jardin secret !
-          Et comment l’as-tu rencontré ?
-          Sur un forum où il y a, entre autres choses, des publications de récits érotiques. C’est en le lisant que j’ai eu une envie irrépressible de faire plus ample connaissance avec lui… Et je ne le regrette vraiment pas !
Aline jeta un coup d’œil à sa montre, sembla réfléchir un court instant, puis me lança :
-          Il est encore très tôt ; nos hommes ont quelques heures de travail devant eux ; veux-tu venir chez moi ? Je te montrerai le site en question.
-          J’avoue que tu as piqué ma curiosité.
-          Alors c’est dit ! Je paye les consommations et on y va ! 

Arrivées chez elle, Aline mit d’abord un café à couler, puis installa une chaise pour moi  devant un bureau en teck et alluma son PC. Elle lança son navigateur, en mode privé, et afficha un site aux couleurs roses ; après s’être loguée, elle alla directement sur la page des récits érotiques.

-          Voici tous ses textes, me dit-elle après quelques clics rapides. Je te laisse en lire quelques-uns, le temps que je me mette à l’aise et nous serve un café.

Je me lançai dans la lecture, d’abord intriguée, curieuse, puis de plus en plus excitée. A présent, je comprenais mieux qu’Aline puisse avoir certaines envies, tant la façon d’écrire de cet inconnu me transporta aisément dans son monde de plaisir. Perdue dans mes lectures, j’en oubliai presque le temps qui passait et le lieu où je me trouvais et sursauta quand ma collègue refit irruption dans le salon.

-          As-tu lu des choses passionnantes ? me demanda-t-elle en posant deux tasses de café sur le bureau.

Aline s’était effectivement mise à son aise : elle avait retiré tous ses vêtements pour revêtir un tee-shirt long, sans doute à son mari, qui la couvrait jusqu’à mi-cuisses. Venant juste de terminer un récit traitant, comme par hasard, de mon fantasme, la vue de ma collègue, ainsi accoutrée, porta à son comble le trouble qui m’habitait.

-          Oui, répondis-je d’une voix un peu trop rauque et en tentant de détacher mon regard de ses jambes délicieusement hâlée.
-          Et qu’en penses-tu ? me demanda-t-elle en s’asseyant près de moi.
-          Sa façon d’écrire est particulièrement envoûtante. C’est un romancier ?
-          Il tente de le devenir ; il a écrit un premier roman et cherche un éditeur.
-          Au vu du peu que j’ai lu, j’imagine, sans peine, qu’il devrait en trouver un rapidement.
-          Je te sens troublée ? me dit-elle en m’observant attentivement. Qu’étais-tu en train de lire ?

Elle se pencha sur l’écran et, son tee-shirt étant très ample en plus d’être long, je pus voir que sa poitrine n’était pas prisonnière d’un soutien-gorge. Entre mes cuisses, je sentais parfaitement s’installer une forte humidité ; ma gorge se noua brutalement et mon désir monta en flèche. Pour la première fois, je sortais de mon fantasme, pour désirer ardemment une personne physique, ma collègue de travail. Mon esprit s’emballa et, presque comme dans un rêve, je posai une main sur son genou. Son regard se planta aussitôt dans le mien ; elle n’avait pas sursauté, n’avait pas esquissé le plus petit mouvement de recul, se contentant simplement de me regarder, les yeux brillants.

Interprétant ses signes comme étant une forme d’approbation, je fis remonter ma main vers l’intérieur de sa cuisse, me surprenant d’être capable d’une telle hardiesse. Je n’osais dire un mot, de peur de rompre cet instant magique et, avec une certaine lenteur, j’approchai mon visage du sien. Mon cœur se mit à battre si fort, que j’eus l’impression que l’on pouvait l’entendre résonner dans toute la pièce ; il me sembla éclater en un splendide feu d’artifice, lorsque mes lèvres goûtèrent aux siennes. A peine nos langues se rencontrèrent-elles, que je me sentis partir dans un monde de délices enivrants ; c’était le premier baiser que j’échangeais avec une femme et, tout aussi surprenant cela puisse être, je le trouvai plus doux, plus suave, plus sensuel que tous ceux que j’avais connu avec des hommes.

Aline se leva brusquement et j’eus peur, un bref instant, qu’elle ne se ressaisisse, qu’elle ne me repousse, qu’elle me dise qu’elle avait succombé à un moment d’égarement, qu’elle ne mangeait pas de ce pain-là. Au lieu de cela, elle enleva son tee-shirt et m’offrit la vue de sa nudité dans toute sa splendeur ; seule son intimité restait voilée par un tanga noir en fine dentelle. Elle s’approcha de moi, posa ses mains autour de ma tête et livra à mes baisers son corps sentant la lavande. Elle frissonna au contact de mes lèvres, soupira sous la douceur de mon souffle ; ses mains me caressaient tendrement les cheveux. Je quittai mon siège pour m’agenouiller devant elle. Je fis courir  ma langue sur ses cuisses, l’une après l’autre, et arrivai au niveau du tanga. C’est alors qu’elle me fit me relever ; son regard était aussi troublé par le désir que devait l’être le mien. Avec des gestes d’une infinie douceur, elle dégrafa mon chemisier, fit sauter la bretelle de mon soutien-gorge et fit se dresser mes tétons de la pointe de sa langue. Lentement, ses lèvres glissèrent plus bas, s’arrêtèrent sur mon nombril. Elle déboutonna ma jupe qui tomba très vite à mes chevilles ; son visage se plaqua contre mon string.

-          Tu sens bon, me dit-elle.

A mon tour, je me mis à genoux ; à nouveau, nos lèvres se scellèrent. Ce baiser fut bien plus fougueux que le premier, encore plus délicieux. Sans vraiment m’en rendre compte, nous nous retrouvâmes complètement allongées sur le sol, moi sur elle, continuant à profiter du jeu de sa langue. Nos corps se trémoussaient ; nos seins s’entrechoquaient en des frôlements qui électrisèrent mes sens. N’y tenant plus, je lui retirai son tanga et plongeai sur sa féminité tout aussi humide que la mienne. Je trouvai le contact très doux et la liqueur divine. Plus ou moins adroitement, ma langue s’infiltra plus loin entre ses grandes lèvres, pénétra son antre et je me sentis transportée au Paradis en entendant ses premiers râles de plaisir. Je m’attaquai alors à son clitoris, gonflé de désir, et me mis à le lécher goulûment  faisant danser le corps d’Aline à un rythme de plus en plus soutenu, de plus en plus endiablé et lui tirant des gémissements plus prononcés.


Alors qu'elle était aux portes de l'orgasme, elle me repoussa, me fit m’allonger sur le dos, retira mon string et ses doigts s’insinuèrent dans mon intimité pour me caresser avec une grande douceur ; très vite, je ressentis comme de petites décharges électriques et se fut à mon tour de gémir, de valser sous la douceur du contact. Je sentis se soulever une grande vague en moi et elle arrêta sa caresse, pour se rallonger sur le dos, en face de moi. Nos jambes s’entremêlèrent, nos vagins se rencontrèrent, nos grands lèvres se joignirent ;  je perdis complètement la tête, le contrôle de mon corps et me laissai aller à ce nouveau plaisir, aux contacts de nos vulves, de nos clitoris. Mes hanches ondulèrent au même tempo que celles d’Aline et très vite, trop vite, je sentis un raz-de-marée se soulever dans le creux de mon ventre. Mes poings se crispèrent, mes muscles se tendirent, ma bouche s’ouvrit en grand : je criai mon orgasme en même temps qu’elle laissait exploser le sien.

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